12. La création de l’embryon. Théories III

Publié le par Marinette

Le journal de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences, auteur (suite 12)

La construction de l’embryon
A l’origine, dans l’œuf, tous les gènes sont présents mais ne s’expriment pas encore. Ils ne le feront que quand l’œuf sera fécondé par un spermatozoïde. Il commence alors à se diviser en passant par différents stades.  C’est ainsi que l’on passe d’une sphère creuse, appelée blastula, à la gastrula. Les cellules vont commencer à apparaître : l’œuf se divise d’abord en deux parties une enveloppe externe, (ectoderme), et interne (endoderme) ; il s’agit d’un organisme primitif ; puis vient s’ajouter une partie médiane (le mesoderme), quand il s’agit d’animaux plus évolués. Les méduses, par exemple, ne possèdent pas de mésoderme ; ce sont des didermiques. Chacun de ces feuillets embryonnaires a une vocation propre à former telle ou telle partie de l’organisme, en interagissant ensemble. Une première étape est ainsi achevée avec la formation de la crête neurale.

Faisons ici une petite parenthèse sur Bergson : la vie, comme il la pense, a tendance à remonter la pente sur laquelle la matière l’entraîne. Tel est bien évidement le cas de l’embryogenèse. La vie a fini par donner naissance à l’humanité. Elle a donc été, selon le terme de R Chandebois pour l’Evolution en général, directionnelle et ascendante.

15 03 2016
La crête neurale
Depuis quelques jours ma pensée tourne autour de la crête neurale, dont les embryologistes Rosine Chandebois et Nicole Le Douarin ont traité, cette dernière dans plusieurs ouvrages dont Dans le secret des êtres vivants (R. Laffont 2012).

La crête neurale est un bourrelet qui se forme au cours du développement de l’embryon. Nous sommes bien à un stade caractéristique de ce développement chez les vertébrés. Une fois fécondé, l’œuf en se segmentant adopte déjà une certaine symétrie, les deux parties de l’œuf étant en effet en position symétrique par rapport à un axe central, l’une étant appelé à former le tronc, l’autre la tête ainsi que les annexes. Ne perdons pas de vue que la différenciation des tissus dans l’embryon correspond en même temps à l’émergence de nouvelles structures, de nouveaux organes. Que nous sommes loin de la conception de la dérépression séquentielle des gènes imaginée par Monod pour expliquer le développement en cours, progressif de l’embryon  ! Le plan général qui préside à la formation et au développement de l’embryon est d’une nature toute différente. Disons qu’une fois la crête neurale formée, les cellules des dispersent en obéissant à un plan précis, celui de la formation du corps. Dans ce plan on peut dire que les cellules issues de la crête neurale trouvent dès lors chacune une place précise, remplissant ainsi le rôle que chaque cellule a à jouer par une miniaturisation des interactions entre elles dans la construction de différents organes du corps.
[Les cellules] obéissent à un plan général celui de la construction du corps (op. cit. livre p. 200).
Tout cela peut-il être le fruit du hasard, de la contingence ?

16 03 2016
L’épigénétique
Si la génétique se montre incapable d’expliquer le vivant, une étape supplémentaire, l’épigénétique, ne suffirait-elle pas à combler ce vide ?
L’épigénétique correspond à la mise en mémoire d’informations qui s’exprimeront plus tard. Pour le faire comprendre, R. Chandebois prend l’exemple des sociétés humaines ; une révolution ne démarre pas de but en blanc. Elle a été préparée par toutes sortes de courants d’idées s’exprimant plus ou moins librement. Toutes proportions gardées il en irait de même dans la dérépression séquentielle des gènes, alors à la mode. C’est comme si nous pensions que nos idées étaient déjà conçues et programmées dans notre cerveau et que leur expression ne serait que le résultat d’une déré pression séquentielle.

17 03 2016
Les grandes questions
Ne les perdons jamais de vue : qu’est-ce que la matière ? La matière animée (la vie) ? L’esprit ? Je me souviens de mes premiers cours de philosophie au Grand Séminaire de Saint Brieuc. La matière, nous disait le professeur, est ce qui est étendu, c'est-à-dire ce dont les parties sont extérieures les unes aux autres. Il n’en va pas de même de l’esprit : dans ce dernier les idées se compénètrent.
Evidemment c’est bien loin de ce que la science la plus en pointe aujourd’hui – la mécanique quantique – nous enseigne à ce sujet.

18 03 2016
Je viens de reprendre la lecture du Traité de physique et de philosophie de Bernard d’Espagnat. Ce qui paraît évident au sens commun est-il fondé scientifiquement ? En physique classique l’accord de ce que témoignent les sens sur la réalité ne pose aucun problème ; cela va de soi. Par contre, la physique la plus en pointe, la mécanique quantique, n’invalide--elle pas tout simplement le témoignage de nos sens ? N’y aurait-il donc pas derrière ce témoignage une sorte de malin génie qui nous trompe, plus puissant et plus trompeur encore que ne l’avait imaginé Descartes ? Le réaliste peut cependant encore ne pas baisser les bras, écrit B. d’Espagnat ( op.cit. p. 249).

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