14. Perception, pensée et langage

Publié le par Marinette

Le journal de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences, auteur (suite 14)

21 03 2016

Si la perception, et entre autres, la perception visuelle des choses, ne peut être causée par la seule activité cérébrale, celle-ci a pourtant un rôle à jouer. Toutefois avant d’essayer de la définir la première chose à faire est de comprendre en quoi consiste exactement une perception visuelle.

Percevoir c’est atteindre une chose là où elle se trouve dans l’espace, tout en se distinguant d’elle. Percevoir est donc tout différent de la manière dont les choses matérielles s’influencent entre elles quand elles entrent en contact les unes avec les autres ; selon les lois de Newton, à une action répond une réaction égale et de sens contraire. Il en va évidemment tout autrement en ce qui concerne la perception. La perception visuelle des choses, par exemple, correspond à un recul de la conscience perceptive par rapport aux choses perçues.
Se pose alors la question des rapports de la conscience percevante au cerveau lui-même ; de quelle nature sont-ils ?
Nous savons qu’un cerveau trop peu développé ne permet pas à son propriétaire d’accéder à une véritable conscience du monde ; on cite souvent le cas des grenouilles qui se jettent indéfiniment sur le même appât du piège qui leur est tendu. La condition minima pour qu’un animal puisse accéder à un minimum de conscience est que son cerveau puisse retenir ce qui est en train de passer, alors que lui, l’animal, est déjà tourné vers le futur immédiat. L’erreur que l’on fait souvent serait de penser que c’est le cerveau qui produit la pensée pour la raison que nous avons besoin de notre cerveau pour le faire. La pensée a besoin d’un cerveau suffisamment développé et suffisamment organisé, mais ce n’est pas lui qui produit la pensée.

Qui donc alors ? Avant de réfléchir sur cette question je voudrais m’arrêter sur les aires du langage qui sont une spécificité toute particulière du cerveau humain. Nous connaissons l’emplacement qu’elles occupent dans le préfrontal comme dans le pariétal de l’hémisphère gauche. Quand je parle à mon voisin elles s’activent, mais est-ce à dire que ce sont elles qui parlent ? Evidemment non ; c’est moi et non elles, à partir d’une certaine somme de connaissances plus ou moins superficielles ou plus ou moins profondes, acquises au cours de mon existence, et qui font partie de ma durée personnelle.

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