XXV - Les styles direct, indirect, indirect libre du discours

Publié le par Marinette

 

17 05 2009

 

leçon 27

 

Rappel :

Les premières personnes : JE, NOUS : celles qui parlent.

Les deuxièmes personnes : TU, VOUS : celles à qui l'on parle.

Les troisièmes personnes : IL(S), ELLE(S) : celles dont on parle.

 

I - Le discours direct : les paroles sont reportées exactement telles qu'elles ont été dites.

C'est en particulier celui du théâtre :

 

« Hippolyte (à Aricie) :

...Présente, je vous fuis ; absente, je vous trouve ;

Dans le fond des forêts votre image me suit ;
La lumière du jour, les ombres de la nuit,

Tout retrace à mes yeux les charmes que j'évite ... »

 

« Phèdre », Acte II, scène 2, Jean Racine (1639 - 1699)

 

II - Le discours indirect :

Les paroles dites deviennent une subordonnée, introduite par une principale ; la concordance des temps est respectée.

Plusieurs mots changent (verbes, pronoms, déterminants, adverbes).

La troisième personne est adoptée, ce qui crée des ambiguïtés ; la ponctuation change.

 

« L'Ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.

Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort ;

Glosa sur l'Eléphant, dit qu'on pourrait encor

Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ;

Que c'était une masse informe et sans beauté... »

 

« La Besace » livre I, fable 7, Jean de La Fontaine (1621 - 1695)

 

Commentaire : « L'Ours dit...qu'on pourrait encor... que c'était une masse... »

Ici nous avons, dans un récit d'ensemble au passé,  une principale et deux subordonnées.

En discours direct cela donne :

 

L'Ours ...glosa sur l'éléphant :

- On  peut encor ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ; c'est une masse informe et sans beauté.

 

La ponctuation a changé (les deux points et le tiret introducteur des paroles de quelqu'un. Le point virgule a remplacé « que ») ainsi que les temps des verbes ; les « que » ont disparu. La principale est devenue une indépendante introductrice du discours. « Pourrait », dont la forme est un conditionnel présent, est en réalité  un futur dans le passé, mais le présent de l'indicatif a une nuance de conditionnel (que l'on ajoute ou non, si l'on ajoute), donc de futur hypothétique ; on pourrait donc aussi garder « pourrait » ; ce verbe n'a pas seulement le sens d'un futur, mais aussi d'une hypothèse. Le discours, la principale étant au passé, il y a concordance des temps.

Le futur est toujours hypothétique.

Comparons :

Ici l'intention est certaine ; le futur est presque assuré :

 

Il me dit (présent) qu'il ira voir ses amis demain.

Il m'a dit (passé composé : garde un rapport avec le présent) qu'il irait voir ses amis demain

Il me dit (passé) qu'il irait voir ses amis le lendemain (ce jour-là est passé).  

 

III - Le discours indirect libre

 

Il est un mélange des deux formes des deux discours précédents.

 

« La dame au nez pointu répondit que la terre

Etait au premier occupant.

« C'était un beau sujet de guerre

Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant.

Et quand ce serait un royaume,

Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi

En a pour toujours fait l'octroi

A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,

Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi. »

 

« Le chat, la belette et le petit lapin », livre VII, fable 16, Jean de La Fontaine

 

Commentaire : La première phrase est au style indirect, avec concordance des temps.

La deuxième phrase est au style indirect libre : on remarque les guillemets, l'imparfait au lieu du présent du style direct (« c'était », « entrait »), la 3e personne du pronom : « lui-même, il » au lieu de la seconde personne. Dans la troisième phrase, « dit-elle » montre que les paroles sont rapportées ;  le style indirect libre continue ; les temps sont au passé (dit, voudrais, a fait) ; ceux de la concordance des temps. 


« Moi, des tanches ! dit-il, moi, Héron, que je fasse

Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? »

 

« Le héron », livre VII, fable 4, Jean de La Fontaine

 

Dans cet exemple, « dit » est au passé ; il respecte la concordance des temps de l'ensemble du récit de la fable, au passé. Toutefois, le style est ici direct car le Héron emploie les temps du présent (présents du subjonctif et de l'indicatif).

 

 

 

Voici un second exemple d'illustration :

 

« Des députés du peuple rat

S'en vinrent demander quelque aumône légère :

Ils allaient en terre étrangère

« - Nous allons en terre étrangère

Chercher quelque secours contre le peuple chat ;

Ratopolis était bloquée

Ratopolis est bloquée :

On les avait contraints de partir sans argent,

On nous a contraints de partir sans argent

Attendu l'état indigent

De la république attaquée.

Ils demandaient fort peu, certains que le secours

Nous demandons fort peu, certains que le secours

Serait prêt dans quatre ou cinq jours... »

Sera prêt dans quatre ou cinq jours...

 

« Le rat qui s'est retiré du monde », livre VII, fable 3, Jean de La Fontaine

Publié dans Cours de Grammaire

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